Kinésithérapie Respiratoire 9.5 : Drainage Bronchique Partie 3
Kinésithérapie Respiratoire par A.BOUMAHRAZ
Cours N9.5 : Le Drainage Bronchique
►►►Critères d'Inspiration et Expiration
►►►Evacuation des crachats
►►►Aspiration Bronchique : modalités et précautions
Pour être bien réalisée, la ventilation
doit répondre à certains critères.
L’inspiration :
Elle doit
répondre à 3 critères :
1- La Vitesse :
Inspiration lente : permet à
l’air de pénétrer jusqu’aux alvéoles
sans créer de turbulences.
2- Le Mode :
Inspiration nasale : permet à l’air d’être
réchauffé et filtré, et surtout de réguler le flux.
3- Respect du Spasme :
En cas de spasme, éviter l’inspiration
trop ample pour éviter d’en déclencher.
L’Expiration :
L’expiration est limitée par la chute de
la pression alvéolaire (PAlv) face à la hausse de la pression intra thoracique
(PIT), sous l’action des muscles expirateurs, pendant l’expiration.
La pression intra bronchique (PIBr),
générée à l’intérieur des bronches par l’accumulation d’air lors de
l’inspiration, diminue progressivement tout au long de l’arbre bronchique pour
devenir nulle au niveau de la bouche.
Les pressions sont exprimés en cmH2O.
Quand la PIT atteint une valeur égale à
celle de la PIBr (point d’égale pression) : les bronches se voient
« comprimés » empêchant l’air de s’écouler correctement.
Chez un sujet sain, cette compression
dynamique joue un rôle positif dans le désencombrement, en créant localement et
transitoirement, une augmentation
de flux aérien
qui aide au décollement des secrétions.
Mais chez un sujet souffrant de
diminution de la lumière bronchique (BPCO par exemple), cette compression
entraînera la fermeture
prématurée des bronches
(sous la force de la PIT).
Cette fermeture répétée à chaque
exercice, causera à la longue une distension
alvéolaire, voir un emphysème (les alvéoles ne pourront plus se vider
complètement de l’air qu’ils contiennent, se rempliront chaque fois d’avantage)
Pour palier à ce problème, il convient de
garder une certaine pression positive intra bronchique pour éviter leur
fermeture : c’est la Pression
Expiratoire
Positive.
Le moyen le plus simple pour la réaliser
est l’expiration lèvres pincés.
Une autre variante est l’expiration à
débit contrôlé : une bouteille remplie d’eau reliée au patient par un tuyau est
l’exemple le plus simple.
PLENT a développé un appareil
en proposant un système plus amélioré :
Evacuation :
L’évacuation des crachats se fait selon
les possibilités du patients : toux
contrôlée si le patient peut l’exécuter lui-même,
le cas échant : toux
provoquée
et toux assistée.
La toux est la somme de trois phénomènes
:
Inspiration
+ Compression
+ Expiration
Toux
Contrôlée :
Si les crachats sont trop proximaux , on
demande au patient 1 ou 2 efforts de toux, qui peuvent être aidées, en cas de besoin, par des pressions abdominales au moment
de l’expiration.
Cette toux est à éviter au maximum en cas
d’hémoptysies, de toux sèche et chez les malades chroniques.
Elle est à modérer chez les patients
fatigables.
Toux
Provoquée
:
Consiste à stimuler manuellement les
centres tussigènes de la trachée, en appliquant une pression digitale (avec la pulpe du doigt) au dessus du manubrium sternal.
Cette pression se fera en antérieur pour
les enfants, et antérolatéral
chez les plus grands.
Cette toux doit être utilisée avec précaution (risque d’abolition du reflexe
de toux).
Toux
Assistée:
C’est l’utilisation d’une aide
instrumentale pour aider la toux (type
Cough-Assist) : nécessite néanmoins la participation
active du patient.
Quand le patient est incapable de
pratiquer l’évacuation, que ça soit d’une manière active ou active aidée, il
devient nécessaire de réaliser une aspiration bronchique.
L’Aspiration
Bronchique :
Consiste à aspirer, à l’aide de matériel
adéquat, les sécrétions bronchiques, lorsque le patient est incapable de les
évacuer lui-même (comateux, non coopérant …)
La séance doit impérativement commencer
par la pratique de l’AFE (Sauf
CI), destinée à mobiliser les secrétions le
plus proche possible des gros troncs.
Risques à prendre en considération :
•Risque infectieux.
•Risque traumatique.
•Risque de perturbation hémodynamique.
Risque
infectieux
L’infection broncho-pulmonaire peut être causée par des micro organismes appartenant à la flore de l’environnement, à un autre patient (transmise par le personnel), ou appartenir à la flore microbiologique du patient lui-même.
Dans ce dernier cas, la transmission peut
être causée par l’aspiration nasotrachéale puis buccale (ou inversement)
réalisées avec une seule sonde, ou par les micro ou macro-inhalations pendant
l’aspiration.
Prévenir par :
-Essentiellement par le respect strict des procédures d’hygiène (hygiène des main avant et après chaque geste, port de surblouse …).
-Le port de gants à usage unique.
-Le port de gants à usage unique.
-La
protection par masque et lunettes.
-Changement quotidien du système de
recueil des sécrétions.
-Utilisation de sondes stériles à usage
unique (manipulés avec gants ou compresses stériles)
Risque
traumatique
Le trajet (nez, pharynx, épiglotte,
glotte et trachée) est tapissé par une muqueuse fragile, que la sonde peut
facilement traumatiser.
Préférer l’utilisation d’une sonde
souple, à bord émoussé et multi troué, couplée à une aspiration maximale de
200mmHg
Ce trajet étant étroit en plus, la
pénétration de la sonde devra se faire avec grande prudence.
La gestuelle devra respecter les
obstacles et ne jamais forcer le passage.
Clamper la sonde au moment de la
mobiliser (en entrée et en sortie).
Prêter attention devant un patient
présentant un risque hémorragique (thrombopénie, prise d’anticoagulants).
La plus
extrême prudence doit être observée en cas de traumatisme
crânio-facial.
Le choix de la taille de la sonde dépend
de la morphologie du patient (généralement sont utilisés les charnières 14 et
16)
Éviter d’aspirer pendant plus de 15
secondes continues.
Risque
perturbation
hémodynamique
Selon une étude de Van de Leur JP1,
l’aspiration peut provoquer des brady/tachycardies, des arythmies et des
poussés d’hyper tension systolique : bien s’assurer de l’état du patient et de
sa prémédication.
1: Van de Leur JP, Zwaveling JH, Loef BG,
et al. Intensive Care Med 2003
L’augmentation de la pression intra-crânienne est aussi observée pendant l’aspiration : prêter attention lors de la
réalisation de cet acte chez un traumatisé crânien.
Certains patients sont sujets à une forte
réactivité vagale (en cas de PRN par exemple) : cette réaction peut entrainer
une adduction des cordes vocales, une occlusion laryngée, un arrêt respiratoire
secondaire et un arrêt cardiaque terminal.
Une prémédication par atropine peut être
nécessaire en cas de suspicion d’un risque de forte réactivité vagale.
Il est conseillé de pré-oxygéner avant la
séance d’aspiration bronchique, et de diminuer la douleur et l’anxiété par un
niveau de sédation adapté.
Gardez toujours un œil sur le monitorage
du patient.
IMPORTANT
Il
est impératif à tout-un-chacun de
veiller à l’absence de contre indications aux techniques citées dans le cours,
sous peine de causer des traumatismes irréversibles ou mettant en danger la vie
des patients.
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